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Joumblatt à « L’OLJ » : Le sexennat devrait être plus ouvert aux critiques

11 October 2019 06:05:00 - Last updated: 11 October 2019 17:26:36

Moins de deux mois après la dernière rencontre entre le chef de l’État, Michel Aoun, et le dirigeant du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, nouveau coup de froid dans les relations entre les deux parties. En cause, la liberté d’expression, et en particulier le droit de critiquer le pouvoir en place. Lundi, le leader du PSP postait ce tweet assassin s’en prenant violemment au mandat Aoun : « Que le sexennat soit rassuré. À chaque fois que vous détiendrez l’un des nôtres, la rancune à votre encontre et à l’encontre de la Sécurité de l’État augmentera. » Et d’ajouter à l’adresse des cercles du pouvoir : « Non messieurs ! Le pays ne peut être gouverné au moyen du despotisme, de la famine, de la colère, du vol et de la famine. Tout citoyen a le droit de s’exprimer. Vos discours ne sont pas plus importants que les mots de ceux qui en ont marre de vous. Apprenez l’éthique à vos proches d’abord. »

« Je ne fais que critiquer les agissements de la Sécurité de l’État », a expliqué hier M. Joumblatt à L’Orient-Le Jour, stigmatisant « cette conception étrange qui fait que toute personne critiquant le pouvoir en place sur les réseaux sociaux est arrêtée ». « Le sexennat devrait être plus ouvert aux critiques », estime-t-il tout en assurant qu’il n’y a pas de « rupture totale » avec Baabda.

Selon M. Joumblatt, « les critiques formulées par certains à l’encontre de (du chef du Courant patriotique libre) Gebran Bassil ou d’autres personnalités pourraient bien être infondées. Mais on ne peut pas emprisonner les gens parce qu’ils s’expriment librement ».

Le chef du PSP faisait référence à l’arrestation de deux de ses partisans qui avaient adressé des critiques au pouvoir sur les réseaux sociaux avec, en toile de fond, la crise sociale et économique qui a conduit des centaines de Libanais à manifester. Ces mesures à l’encontre des membres du PSP sont intervenues quelques jours après la publication, par le bureau de presse de Baabda, d’un communiqué dans lequel sont rappelées les sanctions prévues dans le code pénal contre ceux qui portent atteinte à la « réputation financière de l’État ».

Relance du dialogue PSP-CPL ?

C’est surtout par son timing que cette nouvelle tension entre le tandem Baabda-CPL, d’une part et le PSP, de l’autre, est importante. Cette détérioration des rapports entre les deux parties intervient moins de deux mois après la dernière rencontre entre Michel Aoun et Walid Joumblatt, le 24 août dernier à Beiteddine. Un entretien qui avait fait suite à la réconciliation scellée le 9 août à Baabda entre le chef du PSP et son principal rival sur la scène druze, Talal Arslane, sous la houlette de Michel Aoun, quarante jours après les accrochages sanglants de Qabr Chmoun (caza de Aley). Plus récemment, le 7 septembre, le chef du CPL, Gebran Bassil, avait reçu à Laqlouq, dans le jurd de Jbeil, Teymour Joumblatt, député du Chouf, dans une tentative de ramener à la normale les relations des deux formations, secouées par l’affaire de Qabr Chmoun.

Interrogé par L’OLJ quant à la possibilité d’une normalisation des relations avec le camp Baabda-CPL, un proche de Walid Joumblatt tient à assurer que « rien n’est impossible dans le domaine politique ». Mais il précise qu’« à l’heure actuelle, les conditions propices à la relance d’un dialogue politique ne sont pas réunies ». « Nous divergeons (avec la présidence et le CPL) sur plusieurs questions. Mais il est intolérable de porter atteinte à la liberté des gens à s’exprimer et critiquer les responsables », souligne-t-il. Et de poursuivre : « Il est intolérable que ceux qui brandissent le slogan du changement et de la réforme portent atteinte aux libertés publiques de la sorte. »

Soulignant que des partisans du PSP ont en outre été arrêtés dans le cadre de l’enquête sur les incidents de Qabr Chmoun, le proche de Walid Joumblatt estime qu’« il est évident qu’il y a des comportements vindicatifs à l’encontre du PSP », appelant le chef de l’État à se tenir à égale distance de tout le monde. « Lorsque le président ne s’est pas montré impartial, dans l’affaire de Qabr Chmoun, le pays a frôlé la division », dit-il.

En face, les milieux du CPL contactés par L’OLJ se contentent d’assurer qu’il n’est pas question de rupture avec Moukhtara.